Le colloque inaugural de la Fête de la Science 2024 s’est déroulé le 4 octobre 2024 à l’Université Evry Paris-Saclay. Il était organisé sous la direction scientifique d’Aloïse Quesne, Maître de conférences en droit privé à l’Université Evry Paris-Saclay, membre de l’Institut universitaire de France et directrice de la Clinique juridique One Health-Une seule santé. Cet événement scientifique visait à découvrir l’Océan, à comprendre les causes de la dégradation de sa santé et à s’interroger sur les moyens pouvant être mis en œuvre, tant individuellement que collectivement, pour en assurer une meilleure protection. À cette occasion, les élèves de plusieurs collèges et lycées essonniens sont venus en nombre, symbole de l’importance de ce thème pour les générations présentes et futures.
Après l’allocution de bienvenue du Président de l’Université d’Evry, l’après-midi a débuté par l’intervention d’Aloïse Quesne sur la thématique « One Health-One Ocean, Une seule santé-Un seul Océan ». Elle a rappelé que la santé humaine est étroitement liée à la santé de l’Océan, qui abrite une grande diversité de vie, tant végétale qu’animale. L’Océan influence les conditions de la vie sur Terre et est garant de notre survie. La protection de l’Océan s’inscrit donc dans le concept international « One Health » qui souligne l’interdépendance du Vivant. Madame Quesne a ainsi évoqué les outils juridiques permettant de lutter contre le déclin de la santé de l’Océan, laquelle est affaiblie par le réchauffement climatique, l’acidification de ses eaux ou encore la pollution plastique. Elle a aussi évoqué de manière appuyée la situation préoccupante du militant Paul Watson. Ce célèbre défenseur de l’Océan et des baleines est en effet emprisonné au Groenland depuis le 21 juillet 2024 en application d’un mandat d’arrêt international émis par le Japon, ce dernier continuant de tuer les baleines, allant à l’encontre d’un moratoire international qui interdit leur chasse depuis 1986.
Cette première intervention a été suivie par celle de Sandrine Lage, doctorante en zoomésiotique à Sorbonne Université et chargée de mission « relations internationales » à la Société française de zoosémiotique. Madame Lage s’est demandé si les animaux marins devenaient des animaux liminaires, c’est-à-dire des animaux sauvages qui cohabitent involontairement avec les humains. Elle s’est alors intéressée à la représentation médiatique de ces animaux évoluant à l’état de liberté et a conduit le public à réfléchir aux effets des activités humaines sur ces animaux.
Fabienne Delfour, docteure en éthologie et en cétologie, est ensuite intervenue sur les conséquences des activités éco-touristiques sur les cétacés. Madame Delfour a ainsi attiré l’attention du public sur des activités comme le business du whale-watching, qui augmentent la pression sur les cétacés et contribuent grandement à dégrader leur habitat. Ces activités touristiques de masse ont également des effets pervers sur leur comportement. Les cétacés s’habituent en effet à ces activités et se familiarisent progressivement aux humains, conduisant à la modification néfaste de leurs habitudes alimentaires et sociales.
La seconde partie de l’événement a consisté en une table ronde animée par Aloïse Quesne, en présence de Céline Tardy, chargée de mission « connaissance des populations de cétacés » au sein de l’association MIRACETI, et d’Armel Ruy, réalisateur et caméraman sous-marin pour la Fondation 1OCEAN, sous l’égide de la Fondation CNRS.
Ces échanges ont été ponctués par la diffusion de deux documentaires, filmés et réalisés par Armel Ruy. « Explore Pelagos » a été diffusé en exclusivité mondiale lors de ce colloque. Tourné grâce à un partenariat international, ce film retrace une expédition scientifique de trois semaines menée dans une zone sanctuaire marine partagée et protégée par la France, Monaco et l’Italie. La mission, à laquelle participait Céline Tardy, avait pour objectif de collecter des données croisées sur les espèces marines et les activités humaines, mais aussi de former et de sensibiliser les acteurs locaux. « La grande migration du vivant » retrace une mission tournée à la pointe de l’Afrique du sud et illustre un phénomène méconnu : celui de la plus grande migration animale de la planète. Des milliards de sardines, après s’être reproduites, remontent la côte et sont consommées par leurs prédateurs : les requins, les dauphins ou encore les Fous du Cap. Malheureusement, cette grande migration est en danger à cause des activités anthropiques et tout un écosystème exceptionnel dépend, pour se nourrir et survivre, de la migration de ces sardines. Il est donc nécessaire de songer à protéger ce couloir de migration long de 1500 km, afin de garantir la pérennité de l’ensemble de ces espèces.
La journée, qui a été marquée par plusieurs temps d’échanges avec le public, s’est achevée sur une note d’espoir. En effet, à la question de Madame Quesne adressée au jeune public : « Peut-on compter sur vous pour devenir les meilleurs ambassadeurs de la Nature et des animaux ? », une réponse unanime s’est fait entendre : « Oui ! ».
