Retrouvez l’interview d’Aloïse Quesne, directrice de la Clinique juridique, au sujet de l’agriculture cellulaire et de la viande cultivée dans un article publié dans le quotidien Libération le 29 février 2024.

Extraits :
Coautrice d’un livre blanc sur les enjeux juridiques et éthiques de l’agriculture cellulaire, publié en 2022 par la Clinique juridique One Health-Une seule santé dont elle assure la direction à l’Université Paris-Saclay, Aloïse Quesne s’inquiète elle aussi du retard pris par la France et déplore le « rejet politique » que suscite ce dossier. « Il faut voir l’agriculture cellulaire comme une biotechnologie porteuse d’espoir pour la santé humaine, animale et environnementale, assure cette juriste. Produite à grande échelle, la viande cultivée peut représenter une alternative satisfaisante aux élevages industriels, sources de nombreuses maladies et pollutions. » Selon le rapport du Giec d’avril 2022, l’agriculture cellulaire pourrait en effet « conduire à une réduction significative de l’utilisation des terres pour les élevages et les fourrages » et « entraîner une réduction substantielle des émissions directes de gaz à effet de serre liées à la production alimentaire ».
Le rapport « Frontiers 2023 » du Programme des Nations unies pour l’environnement pointe lui aussi les atouts de la viande cultivée face à la « viande conventionnelle » : moins d’eau nécessaire, d’effets sur la biodiversité, de risques liés aux zoonoses ou à l’antibiorésistance… D’autres paramètres restent incertains, en fonction du type d’énergie utilisé pour la produire. « Mais ce n’est pas en s’enfonçant dans la mondialisation, qui encourage l’importation à moindre coût de produits à la qualité sanitaire douteuse, que nous retrouverons notre souveraineté alimentaire, poursuit Aloïse Quesne. Est-il normal que des poulets provenant du Brésil, congelés depuis 2022, soient importés en France où ils pourront être commercialisés jusqu’à la mi-2024, alors que nos agriculteurs ne parviennent pas à vendre leurs propres productions ? » Environ 160 entreprises dans le monde travaillent sur les produits cultivés -viande, poissons et fruits de mer-. De nombreux acteurs du secteur le répètent : l’agriculture cellulaire n’est pas une solution miraculeuse, mais une voie pragmatique.